Ah, la vie de famille ! Entre les chaussettes qui traînent mystérieusement partout (sauf dans la corbeille à linge), les devoirs qu’on découvre le dimanche soir, et le débat éternel sur « qui a fini le Nutella sans le dire ? » – on se dit qu’il doit bien exister une solution…

Et si je vous disais qu’il existe une recette magique ? Bon, d’accord, pas totalement magique, mais presque : le conseil de famille hebdomadaire !

Après 5 ans d’expérience personnelle, j’ai décidé d’en faire un article de blog.

La recette du conseil de famille réussi

Imaginons le conseil de famille comme un jardin que l’on cultive chaque semaine – chaque membre y plante ses idées et ensemble on fait grandir les solutions.

Objectif final souhaité (en partant de la fin) : Une famille qui communique efficacement, où chacun se sent écouté et valorisé, avec des règles claires et une meilleure cohésion.

Les ingrédients :

• Une famille (la vôtre fera parfaitement l’affaire)
• 45 minutes de temps calme
• Un chronomètre
• Un cahier dédié ou un document partagé en ligne pour le journal
• De la bienveillance
• Des gâteaux et des boissons pour prendre l’apéritif
• Des cartons verts, jaunes et rouges (avec des mots « Peace and Love » dessus : paix, amour, respect, acceptation…)
• Un peu d’argent de poche préparé en avance (le nerf de la guerre, avouons-le)

Le déroulé en 6 étapes simples :

1. L’ouverture (comme au théâtre, mais en moins dramatique)
2. Le bilan de la semaine (où l’on découvre que si la cuisine n’est pas rangée, ce n’est la faute de personne – évidemment)
3. L’organisation à venir (parce que non, les enfants ne se téléportent pas automatiquement à leurs activités)
4. Les propositions (moment où votre ado vous expliquera pourquoi un voyage à Bali serait éducatif)
5. Les félicitations et les remerciements (si, si, ça existe !)
6. La distribution de l’argent de poche (le moment le plus attendu, soyons honnêtes)

Le discours d’ouverture officiel

(à lire avec votre voix la plus solennelle, ou pas)
« Bonjour,
Je déclare le conseil de famille ouvert !
Je vous rappelle les étapes :
– Point sur la semaine passée
– Organisation pour la semaine à venir
– Projets en cours et futurs
– Propositions et suggestions d’amélioration
– Questions diverses
– Lire et construire ensemble la charte de la famille
– Distribution de l’argent de poche
Qui veut faire le secrétaire pour noter dans le journal familial ? Qui veut être le gardien du temps ? Et qui veut être l’arbitre de la bienveillance ?
On commence le tour de table. »

L’objectif est de passer un moment agréable ensemble, où chacun à la possibilité de s’exprimer et d’être entendu. Les plus mûrs (ce ne sont pas forcément les parents !!) aident les autres à reformuler ce qu’ils veulent dire lorsque les règles d’or décrites plus loin ne sont pas respectées.

Les rôles dans le conseil familial

Le secrétaire pour le journal de famille

La première chose a faire est de noter les règles que l’on adopte ensemble pour le conseil de famille, en les faisant évoluer avec le temps.

Au début, personne ne voulait faire secrétaire. Et après il a fallu gérer les disputes ! Nous avons même mis deux ordinateurs portables en parallèle pour que les enfants puissent écrire en même temps sur le document partagé.

Garder 5 à 15 lignes de l’histoire de la famille chaque semaine, c’est précieux ! Et dans quelques années, lorsque vous relirez la charte de la famille écrite ensemble, votre coeur se serrera en vous rappelant tous ces bon moments.

Le gardien du temps

Le gardien du temps tient le chronomètre en main. Son but est que les interventions de chacun ne durent pas plus de 2 à 3 minutes. Avec un geste, il indique à celui qui parle qu’il a dépassé le temps. Le temps total recommandé est de 45 minutes, alors des fois il faut passer à la suite !

Grâce à lui, finis les conseils de famille qui durent 3 heures ! Et s’il n’y a plus de temps pour la charte de famille, tant pis, on relit juste une règle rapidement.

Le garant de la bienveillance

Comment apprendre à communiquer de façon non violente ? Par petit pas ! Le rôle commence, par exemple, par mettre un carton jaune lorsque quelqu’un prononce les mots « toujours » ou « jamais ». Et petit à petit, on inclut le contenu des règles d’or décrites plus loin !

Les règles d’or pour que personne ne finisse au coin

Ce qu’on adopte :

• Le « je » bienveillant (« Je me sens fatigué quand je dois ranger seul » plutôt que « Tu es un gros bordélique »)
• Les solutions créatives (« Et si on mettait une boîte à chaussettes dans l’entrée ? » – oui, on peut rêver)
• Les compliments surprise (« Merci d’avoir vidé le lave-vaisselle ! » même si vous auriez rêvé que la cuisine soit rangée et nettoyée au passage)
• Le droit de dire « pause » (comme à la récré, mais en plus mature)
• Une personne parle à la fois (avec un bâton de parole ?)
• Pas de téléphone pendant la séance (oui, cette règle s’applique aussi aux parents !)
• Chacun a le droit de s’exprimer (la parole libère)
• On évite les reproches, on privilégie les solutions
• Utiliser le « je » : « Je me sens… » plutôt que « Tu as fait… »
• Chacun à le droit de dire « Je ne suis pas prêt à en parler maintenant »
• Signal « pause » si la discussion s’échauffe (montrer un carton vert)

Les phrases clés à utiliser

• « Je te remercie pour… »
• « J’aimerais comprendre… »
• « Comment pouvons-nous faire ensemble… »
• « J’apprécie quand tu… »
• « Ça me fait du bien quand… »

Ce qu’on bannit :

• Les « toujours » et « jamais » accusateurs (« Tu ne ranges JAMAIS tes chaussettes » – même si c’est tentant)
• Les comparaisons fratricides (« Ta sœur, elle, range sa chambre » – aïe, aïe, aïe)
• Les règlements de compte façon western (« Tu vas voir ce que tu vas voir »)
• Les reproches. On utilise plutôt un format constructif : « Ce qui m’aiderait, c’est… »
• Les promesses de punitions créatives (non, envoyer son ado au pôle Nord n’est pas une solution)

Personne ne doit avoir peur de venir à ce moment de convivialité et de dialogue ! Les procès sommaires et la guillotine, ça n’aide pas à créer une bonne ambiance.

En cas de tension :

1. On fait une pause de 2-3 minutes : comptez jusqu’à 10, on respire ensemble en pensant à des chatons (ça apaise !)
2. Un autre membre aide à reformuler avec bienveillance
3. On peut reporter le sujet à un autre moment (oui, certains sujets sont comme le bon fromage, ils s’améliorent avec le temps)

Le petit plus qui fait la différence

Instaurez des rituels sympas : une boîte à idées anonyme (parfaite pour les timides), un journal des réussites familiales (si, si, il y en a !), ou même un « gardien de la bienveillance » qui change chaque semaine (avec maillot d’arbitre international optionnel et des cartons jaunes et rouges comme au foot).

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Et bien sûr, tous les éléments de cet article sont a adapter en fonction de l’âge des enfants.

Rappelez-vous : Rome ne s’est pas faite en un jour, et votre conseil de famille non plus ! Avec un peu de patience, d’humour et beaucoup d’amour, vous verrez que même les ados les plus récalcitrants et les parents les plus dictatoriaux finissent par jouer le jeu. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, les enfants auront l’impression d’être entendus et respectés… et que les chaussettes trouveront toutes seules le chemin du panier à linge !

Alors, prêts à tenter l’aventure du conseil de famille ? À vos marques, prêts, partagez !